En toute objectivité
Christiane Amanpour, correspondante permanente de CNN à Bagdad
et emblème du journalisme US, est aussi l’épouse du porte-parole
du Département d’État américain. Là où
il y a de la gène, il n’y a pas de plaisir.
Caresche dans le sens du poil
Usagers de drogues, vous avez un ami avec Christophe Caresche, député
socialiste du XVIIIe. Cet incontestable homme de gauche a déclaré
dans le journal de quartier Paris-Montmartre (12/98) : «Nous
avons été surpris de constater qu’à Paris la loi de
1970 sur la possession et l’usage de stupéfiants n’était
pas totalement appliquée. Le nouveau procureur de la République,
à qui nous avons fait part de notre étonnement, a donné
des instructions pour que tout détenteur de stupéfiant pris
en infraction fasse l’objet d’une procédure judiciaire ».
800 simples usagers de drogues en prison (dont une centaine pour le cannabis).
Encore une loi que le PS compte faire appliquer avec coeur et humanité.

Perles
Lyrique et enthousiaste, Hélène Da Costa (RFI) spécialiste
des “valeurs asiatiques” fortes, clôt un de ses reportages (01/99)
consacré à une mission commerciale d’industriels français
de l’armement par cette phrase mémorable : «les expert
de la défense sèment les petits cailloux du troisième
millénaire». Petits poucets semeurs de mines n’ont pas
intérêt à revenir sur leurs pas.
Bédés radioactives
L’Agence nationale des déchets radioactifs (ANDRA) s’était
distinguée par une plainte déposée contre un
laboratoire indépendant de contrôle de la radioactivité.
Motif : divulgation de documents secrets attestant d’une contamination
au plutonium. Cette année, l’ANDRA sponsorisait le célébrissime
Festival de la BD des Roches Prémaries (10/10/98 dans la Vienne).
Colère de Christian Sandoval - maire écolo de la commune
- qui bouda l'inauguration. Pourquoi l’ANDRA s’intéresse-t-elle
à la bédé poitevine ? Parce que non loin de là,
à Neuvy Bouin, se trouvait un des sites pour un éventuel
enfouissement de déchets radioactifs. Au bout du compte, mauvais
calcul pour les organisateurs du festival : ils se sont fâchés
avec le maire et ne pourront plus compter sur leur sponsor radioactif.
Entretemps, le site de Neuvy-Bouin a été abandonné
par le gouvernement et l’ANDRA ne s’intéresse donc plus à
la région...
Usagers et consommateurs en colère
Pierre Georges, premier chroniqueur au Monde, estime qu’«à
force, trop, c’est trop. Trop de grèves tuent la grève. [...].
On ne saurait se cacher perpétuellement derrière l’usager
et le prendre en otage en permanence pour mieux le protéger». Mais
naturellement
«dire cela, ce n’est pas mettre en cause le droit
de grève» (Le Monde, 28/11/98). Daniel Cohn-Bendit,
lui, assure qu’«il faut une vraie discussion avec les syndicats
là-dessus. Qui dit service public dit responsabilité publique.
Il faut trouver un équilibre entre la position légitime des
salariés et celle, aussi légitime, des consommateurs»
(Libération, 6/01/99). Après tout, 35 heures de taf
par semaine, ça laisse au bas mot 133 heures pour discuter autour
d’un braséro.

On s’éclate à l’Huma
Le 24 décembre 1998, sur fond d’église enneigée,
s’étalait sur quatre colonnes à la une un titre inhabituel
«Réveillon : ce soir, le chef vous propose [...] huîtres
sauvages de la baie de Saint-Michel, jambons, fois gras, girolles, la traditionnelle
bûche, et tant d’autres délices [...]». Enfin, le
journal du Parti communiste français posait la question qui taraude
les masses : «écrevisse ou Langoustine ?» Pour
noël prochain, s’il n’est pas devenu le supplément culinaire
du Monde,
L’Humanité offrira à ses lecteurs
des actions Air France dédicacées par Jean Claude
Gayssot.

On s’éclate pas à l’Huma
Le dessin que nous publions ci-dessus, a été refusé
par la rédaction de
L’Humanité. Censure politique
? Même pas. De l’aveu du directeur artistique «personne
dans l’équipe ne sait ce qu’est un space-cake !».
Eurobéats
Une fois de plus Jean-Marie Colombani, directeur du Monde, a
tout compris : «Cette révolution est, faut-il le rappeler,
une victoire de la volonté sur les marchés, de la détermination
de quelques-uns sur les forces économiques». (Le Monde
31/12/98) C’est bien connu, les marchés se sont toujours opposés
à l’euro. De son côté Laurent Joffrin, directeur de
la rédaction de Libération, estime que «rarement
événement historique aura autant adopté l’aspect sobre
d’une décision calculée, sans enthousiasme collectif, sans
claquement de drapeau ni roulements de tambour» (Libération,
01/01/99). Mais où donc Laurent Joffrin a-t-il passé le réveillon
?
Cohn-Bendit victime d’Alzheimer
Entre les dîners en ville et les interviews, Daniel Cohn-Bendit
n’a plus le temps de s’informer. Interrogé au Club de la presse
(Europe 1, 24/01/99) à propos des négociations sur les 35
heures qui se déroulent alors à Peugeot, il bredouille, ne
comprenant manifestement pas de quoi il s’agit. Extraits :
- DCB : Le système Peugeot, les 35 heures Peugeot sont un
système qui est... qui ont existé... Moi je crois qu'il faut
réduire le temps de travail, partager le travail.
- JP Elkabbach : Non, non, vous lui répondez pas là...
- DCB : Oui, le système Peugeot est une possibilité.
- Serge July : C'est les 35 heures à la dure quand même.
- DCB : À la dure, c'est-à-dire ?
- Serge July : C'est 35 heures où on exclut du temps de travail
toutes les pauses...
- DCB : Ecoutez, je crois que ...
- Serge July : ... La flexibilité, c'est un record puisque
c'est non pas annualisé mais c'est sur plusieurs années :
on peut travailler vingt-trois samedis de suite.
- DCB : Non, le système Peugeot exprime le rapport de forces
qui existe dans les entreprises. Le patronat joue sur la division des forces
syndicales.
Ouf ! La lutte des classes permet toujours de se sortir des situations
épineuses.
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Look d’enfer
«Je m’engage à conserver confidentiel et en conséquence
à ne dévoiler à personne, à titre privé
et/ou public, tous les éléments quels qu’ils soient, relatifs
à la présente transaction ainsi qu’aux faits qui s’y rapportent
directement ou indirectement». C’est l’engagement que doivent
signer les clients de Look Voyage pour espèrer un dédomagement
compensant le retard à la livraison de leur bagage. C’est raté.
Fête fictive
La présentation par Jean Tibéri des festivités
offertes par la Mairie de Paris à l’occasion de l’an 2000 se révèle
aussi niaise que prévue. Pour se projetter dans l’avenir Johnny
Halliday et Robert Hossein présenteront leur show respectif. Même
Yves Mourousi, chargé un tempsde l’organisation des célébrations
Paris 2000, n’y a pas résisté.
Scoop
la Confédération des écologistes indépendants,
groupuscule sorti des Verts en 1993 sur une base “ni droite, ni gauche,
Waechter” existe encore ! Eux qui, à l'époque, faisaient
dans le clin d'oeil douteux à la droite extrême (faire apparaître
Charles Maurras parmi les signataires de leur motion d'orientation, glisser
une référence au “pays réel” dans le texte de celle-ci...)
s'emportent, dans le n°4 de leur bulletin, «contre la logique
supranationale induite par Maastricht et Amsterdam, pour l'Europe des Nations
dans le respect de la souveraineté de la France». Et expliquent
qu'ils rejoignent les structures (chevènemento-pasquaiennes) comme
«la
Fondation Marx Bloch et Demain la France». Avec des actes
manqués comme ça, leur claviste est sûrement un crypto-bolchevique
du parti de l'anti-France...

Rien à cacher
Les présidents des compagnies ELF et Total seront auditionnés
début février par la commission parlementaire sur «le
rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale
et son impact social et environnemental», dirigée par
la député Verte Marie-Hélène Aubert. Desmaret
et Jaffré n'ont accepté de parler devant la commission qu'à
condition que leur intervention ait lieu à huis clos. En ce qui
concerne les bienfaits qu’apportent leurs entreprises en Birmanie ou au
Tchad, le silence est d’or noir.
Y en aura pour tout le monde
Sous le titre «ainsi, chacun y trouvera son compte»,
le journal d’arrondissement Info Mairie 13 dresse un bilan de l’action
du maire Jacques Toubon : baptême d'une “Place de la Commune de Paris”
et renforcement de la politique municipale en matière de sécurité.
Un coup Louise Michel, un coup de matraque.
Big Mac en site propre
Avant de concurrencer les bistrots avec ses petits-déjeuners,
MacDo s'était fait la main avec les cantines scolaires. Ainsi, depuis
trois ans, le MacDo de Romans-sur-Isère (Drôme) affrète
une navette gratuite entre les différents lycées de la ville
et le resto (12h07, 12h10, 12h12 et 12h15 devant le lycée Triboulet,
précise la carte MacCampus). Le cas n’est pas isolé, même
si la direction de MacDo France assure que cette initiative est laissée
à la discrétion des gérants et ne procède nullement
d'une stratégie nationale. La décentralisation n'est donc
pas incompatible avec une authentique politique des transports en commun.
«Tout le monde» n’est pas Benamou
Fine lame de l'analyse politique française, le directeur de
la rédaction de l’Evénement, livre son interprétaion
du «symptôme Astérix» et du syndrome du
village encerclé (28/01/99) : «dans ce mythe tout le monde
trouve son compte, comme aujourd'hui tout le monde peut s'incarner dans
Jeanne d'Arc ou dans de Gaulle».
Acte manqué
Une députée de gauche de l’État de Rio, Marta
Suplicy (Parti des Travailleurs), a réussi à inscrire sa
proposition de loi de contrat d’union civile pour les couples, quel que
soit leur sexe, dans la liste législative que le Parlement devait
obligatoirement voter pour cause de samba économique au pays de
la Bossa Nova. Ironie du sort : cette procédure exceptionnelle,
équivalente au 49.3 français, s’appelle dans la constitution
brésilienne : «l’effort concentré» ! Mais
les députés conservateurs veillaient au grain et à
leur braguette. Certains d'entre eux, liés à l'Église
catholique et aux groupes protestants charismatiques, sont parvenus à
troquer un soutien aux mesures économiques du gouvernement contre
le retrait du texte. Quel que soit le match, pour les pédés
brésiliens c'est toujours une défaite 3 - 0.
Only mou !
La très peu écologique virée-safari de Grenade
à Dakar s’est agrémentée cette année d’un hold-up
: des Touaregs ont braqué la meute publicitaire. Dix ans auparavant,
les Africains étaient plus accueillants et se laissaient écraser
sans faire tant d’histoires. Tellement pittoresque, que le Paris - Dakar
enthousiasmait Noël Mamère, aujourd’hui rallié aux Verts
et bouillonant député des droits de l’Homme. Pioché
dans les archives sonores des Éditions Caracal, un disque sponsorisé
par la Macif est pressé en 1989. Noël Mamère y vante
en 33 tours, l’aventure du Paris-Dakar ainsi que le courage des participants.
Dans un morceau intitulé
l’Odyssée “Paris-Dakar”,
l’actuel maire de Bègles raconte les aventures en 4x4 d’un handicapé
sur le rallye. Journaliste à ses heures pré-politiciennes,
Noël manifestait déjà la curiosité qui sied à
l’aventurier et au découvreur : «Le soir. Première
mésaventure. Le sable est mou, (...)». Mais le sens de
la rime ne lui était pas non plus étranger : «18
janvier 1989 : Bamako, capitale du Mali. Après 8600 kms, c’est le
rendez-vous avec le Rallye.». Fidèle au titre du disque
«Voyage...On
est tous des voyageurs !», Noël Mamère s’y connaît
tellement en sable mouvant qu’il gère sa vie politique sans crainte
des terrains glissants. À quand la prochaine traversée du
désert ?
Shish Taouk
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